PULVÉRISÉS

D’ALEXANDRA BADEA

Mise en scène Vincent Dussart

Forme légère et autonome

Création 2017

« SI TU NE T’APPLIQUES PAS AU TRAVAIL AUJOURD’HUI, DEMAIN TU T’APPLIQUERAS À TROUVER DU TRAVAIL »

EXTRAIT

« Alors tu restes à ta place sur une surface d’un mètre carré dans un espace illimité
Et tu regardes la caméra de surveillance le temps d’écouter les instructions de sécurité et les slogans de l’entreprise
« Si tu ne t’appliques pas au travail aujourd’hui
Demain tu t’appliqueras à trouver du travail » /
Après les dix minutes de gymnastique obligatoire
La bande se met en route
Tu mets ton masque
Et tu commences à répéter le même geste toutes les 8 secondes. »

IDENTITÉ(S)

Identité(s) est un projet d’accompagnement des publics en lien avec le spectacle Pulvérisés mis en scène par Vincent Dussart, et les recherches de ce dernier autour des problématiques liées à la reconnaissance au travail.

S’adressant à des personnes en difficulté dans leur travail, il se construit au cas par cas avec nos partenaires, articulant :

  • des lectures-débats données par des comédiens de la compagnie
  • des ateliers d’écriture encadrés par un auteur
  • des ateliers de pratique théâtrale, ou de mise en voix, dirigées par le metteur en scène
  • la présentation d’une petite forme par les participants au projet

Le projet propose de créer des espaces de réflexion et de mise en pratique permettant à chacun d’interroger sa propre construction, ses stratégies défensives, son rapport à la reconnaissance, en particulier dans le cadre de la relation au travail.

GÉNÉRIQUE

Création 2017 TEXTE Alexandra Badea  L’Arche est éditeur et agent théâtral du texte représenté • MISE EN SCÈNE Vincent Dussart • AVEC Patrice Gallet, Tony Harrisson, Simona Maicanescu et Haini Wang • SCÉNOGRAPHIE Vincent Dussart • LUMIÈRES Jérôme Bertin et Alexandrine Rollin • COSTUMES Lou Delville • ADMINISTRATION DE PRODUCTION Alexandre Denis • PHOTOS Stéphane Szestak

MENTIONS OBLIGATOIRES

Production Compagnie de l’Arcade
Coproduction Le Mail-Scène culturelle
Avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication-DRAC Hauts-de-France, du Conseil régional Hauts-de-France, du Conseil départemental de l’Aisne et de la Ville de Soissons, de l’ADAMI, de la SPEDIDAM et avec le dispositif d’insertion de l’Ecole du Nord. Remerciements à la Faïencerie -Théâtre de Creil, La Ville de Saint-Quentin et Lilas en Scènes.

 

LIENS & TÉLÉCHARGEMENTS

SYNOPSIS

Quatre métiers, quatre villes : Shanghai, Dakar, Lyon, Bucarest. La vie en entreprise aux quatre coins du monde. Une ouvrière chinoise raconte ce qu’elle subit à l’usine : l’humiliation quotidienne. Au même moment, un superviseur de plateau sénégalais dénonce la cruauté dont peut faire preuve son chef d’entreprise pour « faire du chiffre ». Ailleurs, un responsable assurance-qualité voit se détériorer sa relation familiale sous la pression du travail. Et à Bucarest, une ingénieure d’études et développement témoigne de sa difficulté à s’intégrer, à réussir, à gravir les échelons.

Le texte de PULVÉRISÉS est construit comme une carte de géopolitique : la vieille Europe dominatrice qui délocalise (Lyon) ; l’Europe qui s’ouvre sur le monde (Bucarest) ; la Chine, immense atelier globalisé (Shanghai) et l’Afrique émergente (Dakar). Comme pour dire le vertige de la mondialisation.

PULVÉRISÉS est une écriture de l’intime qui accompagne quatre personnages sur leurs lieux de travail mais également dans leurs chambres ou dortoirs. Alexandra Badea construit un poème où chacun s’adresse au public de façon frontale, dans un «tu» qui renforce la proximité, la confidentialité du témoignage intime. Avec douceur, l’ordinaire et le tragique tissent une trame narrative qui oscille entre monologues et dialogues, individualité et voix plurielles. De voix intérieures en instants de vie, le spectateur passe d’une solitude à l’autre et petit à petit les personnages deviennent des silhouettes familières.

UN DISPOSITIF IMMERSIF

Un podium gris clair en croix, éclairé par quatre lampadaires. Le public est placé dans les quatre angles de ce podium. Comment l’entité « Travail » impose-t-elle son rythme, à plus forte raison dans une entreprise fonctionnant sur plusieurs fuseaux horaires ? Le dispositif place le spectateur au sein de cette chaîne dont nous faisons partie. Le public entretient alors un rapport de proximité directe avec les personnages et devient tour à tour le collègue de l’ouvrière chinoise, le téléconseiller du plateau téléphonique au Sénégal, le collègue de la réunion de Bucarest, la famille du responsable français.

La mise en scène transcrit le texte dans l’espace en une partition vocale, un tissage précis de rythmes rapides, ralentis, accélérés, de pauses, d’une diversité de tons des personnages allant presque jusqu’au chant. Les rôles s’échangent entre les quatre acteurs, tant les identités sont devenues volatiles. L’un devient le collègue de l’autre, l’une la nurse de l’autre. Les identités sont multiples à l’instar des langues (allemand, anglais, roumain, chinois, français) et des jargons professionnels (management, marketing, informatique) comme pour dire la perte de repères, le chaos et le risque d’effondrement des individus égarés sur l’échiquier mondial.

Le spectacle est particulièrement adapté à des tournées en décentralisation sur des lieux équipés ou non.

Ainsi, Vincent Dussart poursuit son exploration du répertoire contemporain questionnant les outrances et les absurdités du monde dans la course au profit. (…) En attendant, on sort remués de cette représentation qui cherche à dessiller le spectateur. Cela n’est pas sans rappeler que le théâtre, art de l’illusion par excellence, possède aussi le pouvoir paradoxal de désillusionner, combattant de ce fait toute tentation d’un optimisme béat. Sans doute à pulvériser!

WANDERER, THIERRY JALLET

Une heure trépidante dans un monde qui ressemble au nôtre. Pas d’issue. Une société qui marche sur la tête, qui oblige les gens à faire des choses contre nature comme des africains à manger français pour mieux les servir dans des centres d’appels et de services en ligne… une société complètement déréglée, qui perd petit à petit toutes ses valeurs. À ne pas rater pour en prendre mieux conscience.

LE BRUIT DU OFF, EMMANUEL SERAFINI

Le jeu est juste ; la mise en scène parfaite, immersive. La lumière est crue. On sort de là bouleversés.

TOUTE LA CULTURE, MAILYS CELEUX-LANVAL

Les comédiens se font porte-parole de ces inconnus que rien ne relie et que tout pourtant rapproche : aux quatre coins de la planète, mêmes illusions et déconvenues dans le labeur quotidien, mêmes souffrances et misères du monde pour chacun, qu’ils soient cadre supérieur dans les assurances ou petite main chinoise dans une usine de textile. Un choeur des lamentations contemporain, un regard sans concession sur notre humanité en faillite qui, paradoxalement, nous incitent plus à la rébellion qu’à la soumission.

CHANTIERS DE CULTURE, YONNEL LIÉGEOIS

La mise en scène et la scénographie de Vincent Dussart opèrent un examen clinique, sous la cruelle lumière des néons, celle des open spaces, des lignes de production, des salles de conférence, partagée avec les claustrés enclos à bétail et les abattoirs. Le grand troupeau continue son chemin, perdant ça et là les plus faibles ou les moins résignés, la direction psalmodiée par quelque relais qui une fois usé ou éclairé rejoindra les rangs, remplacé par d’autres. Une pièce sans concession, mais peut-on en faire face à ce sujet ?

PLUS DE OFF, WALTER GÉHIN

Le spectateur est face à un théâtre miroir, un théâtre coup de poing qui accompagne les épuisements et les montées des énergies et le laisse étourdi.
La fin de la pièce esquisse comme une solution pour sortir de la ronde infernale. Le spectateur applaudit très fort.

LA REVUE DU SPECTACLE, JEAN GRAPIN

 

Chaque personnage s’exprime dans une langue rapide, nerveuse, à la deuxième personne du singulier pour donner à son rôle la dimension d’un témoignage. Le public lycéen, généralement remuant, est scotché. Il sait que sous couvert d’une fiction, on lui montre sans fard ce qui l’attend. Car on croit d’un bloc et aux personnages et aux situations et, surtout, à la détresse de tous. La pièce montre parfaitement, dans un style à la poésie ardente, comment ces vies sont en morceaux, en feuilleton, en pointillés, hachées en même temps que juxtaposées. C’est magistral.

HOLYBUZZ, PIERRE FRANÇOIS

Difficile de s’exonérer alors de la responsabilité commune ! Mais le propos de Vincent Dussart n’est pas accusateur : sa mise en scène choisit aussi d’offrir au spectateur le moyen de penser les conditions d’une résistance commune à l’emprise numérique, la proximité avec les acteurs
renforçant l’empathie et la compréhension des enjeux de civilisation dont Alexandra Badea évalue si finement la gravité.

LA TERRASSE, CATHERINE ROBERT

Difficile de s’exonérer alors de la responsabilité commune ! Mais le propos de Vincent Dussart n’est pas accusateur : sa mise en scène choisit aussi d’offrir au spectateur le moyen de penser les conditions d’une résistance commune à l’emprise numérique, la proximité avec les acteurs
renforçant l’empathie et la compréhension des enjeux de civilisation dont Alexandra Badea évalue si finement la gravité.

LE MONDE, ÉVELYNE TRÂN